Lundi des Ecrivains avec Eliette Abecassis

Propos autour de son livre « Nos rendez-vous », aux Editions Grasset. Modérateur : Baptiste Liger, rédacteur en chef du magazine Lire.

C’est en enseignant la philosophie, matière qu’elle surnomme affectueusement « la reine des disciplines », qu’Eliette Abécassis s’est découvert l’envie d’écrire des romans. Le nouvel opus qu’elle est venue présenter aux Deux Magots, sobrement intitulé Nos rendez-vous, est quant à lui assumé comme un véritable roman d’amour qui traverse les décennies.

Lundi des Ecrivains avec Eliette Abecassis

Adolescente, notre invitée fût marquée par Le Nom de la rose, et le principe littéraire que son auteur Umberto Eco appelle la « narrativité de la connaissance ». A savoir : raconter une histoire haletante en y mêlant le plaisir de l’érudition, d’un contexte historique, scientifique ou philosophique étoffé.

Ce principe lui a fermement servi de boussole a moment de l’écriture de son premier roman Qumran, qui abordait une série d’idées et de pensées – notamment liées au judaïsme – qui lui tenaient fortement à cœur, tout en s’inscrivant résolument dans un ambiance de thriller ésotérique. Le manuscrit fût refusé par de nombreuses maisons d’édition avant de voir le jour, et de devenir un immense succès traduit en 23 langues.

Eliette Abécassis a su aborder d’autres genres, d’autres tonalités, avec notamment Un heureux événement, adapté en 2011 au cinéma. Ce fût en l’occurrence un roman de la vie quotidienne, très intimiste, né de son propre ressenti mais nourri par la suite par de nombreux témoignages de mères recueillis lors de la phase d’écriture.

Nos rendez-vous est quant à lui assumé comme un roman d’amour, en dépit de la connotation mièvre que notre époque donne parfois à ce terme. L’histoire de Vincent et d’Amélie, de leur rencontre à la Sorbonne, de leur rendez-vous manqué qui les fera se perdre de vue pendant 10 ans, de leurs retrouvailles et de leurs évolutions respectives au gré des trente ans que couvre le roman.

 Nos rendez-vous est relativement court, malgré son intrigue traversant les décennies. Notre invitée ne souhaitait pas écrire une fresque de 800 pages, mais raconter au contraire avec concision. D’où ce travail sur les ellipses, et cette impression du temps qui file imprégnant les pages.

La tonalité du livre est quant à elle résolument pudique, dédiée aux non-dits et en sentiments qui se devinent plutôt qu’ils ne se dévoilent, aux mains qui s’effleurent comme seule et unique étreinte physique.

Au-delà d’une auteure, c’est une vraie amoureuse des mots que nous avons eu le plaisir de recevoir. Albert Camus, Albert Cohen, Marguerite Duras, Françoise Sagan et Rainer Maria Rilke seront cités au cours de cette rencontre, accompagnés de ce vœu si cher : que la littérature demeure une passion vivace et populaire, et non pas celle d’un passé révolu.