L'interview d'Isabelle Carré

Isabelle Carré, du cinéma à la littérature

Elle a remporté un César, deux Molières, et publié trois romans : la comédienne-écrivaine est devenue une personnalité marquante du jury du Prix des Deux Magots.

Prête à délibérer pour une nouvelle édition ?

J’ai hâte ! L’équipe est formidable et outre le plaisir de retrouver un joli lieu que je connais depuis l’adolescence puisque je n’habitais pas très loin, j’aime le Prix des Deux Magots qui, de plus, permet de révéler un auteur. La découverte est ce qui nous distingue des autres prix.

 Votre premier roman, Les Rêveurs, c’est 20 ans de gestation. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Un problème de légitimité, j’imagine. Comédienne, c’est être au service des auteurs. Prétendre écrire après avoir joué du Shakespeare, du Molière ou du Tchekhov est difficile, très inhibant.

L'interview d'Isabelle Carré

J’ai toujours écrit, et même un premier roman à 23 ans qui s’appelait La Cage et que je n’ai montré à personne. J’ai arrêté vers 35 ans, car j’avais alors des rôles importants au cinéma et peu de temps. Mais le regret était de plus en plus fort et aujourd’hui, je suis dans l’urgence d’écrire !

Le pouvoir des mots est-il plus fort que le pouvoir de l’image ?

Oui, je le pense. J’étais une adolescente fragile et c’est une phrase dans le film Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre qui m’a sauvé la vie : « Préférez les risques de la vie aux fausses certitudes de la mort ». J’ai alors décidé de prendre le risque de vivre. Les mots sont l’imaginaire et les livres des guides sur le chemin obscur de notre vie. On lit pour se lire !

 Les écrans ne tuent-ils pas le livre ?

Non, je suis optimiste, car les jeunes lisent, se questionnent et écrivent toujours. Les écrans sont certes omniprésents, mais ils les utilisent de mieux en mieux. Ils ne sont pas dupes. Enfin, les romans graphiques et les mangas qu’ils aiment beaucoup sont de bonnes portes d’entrée dans la littérature. Que ce soit au cinéma, au théâtre ou en littérature, l’art doit être un miroir qui nous permet d’être mieux armés, plus forts.

Propos recueillis par Philippe Latil.